Lucile
Bustarret
Lucile, étudiante au Cours Florent Musique, a remporté le Jacques d’Or lors de la Nuit Florent 2024 pour sa chanson Visage Vipère.
« Les gens travaillent vraiment ensemble. Des groupes se créent, les élèves donnent de leur temps pour aider les autres dans leurs projets. En résumé, l’ambiance qui y règne est assez dingue ! »
- Peux-tu nous parler un peu de ton parcours ?
Je suis arrivée à Florent après tout un cycle d'études. Après mon bac, j’ai intégré une prépa littéraire, puis j’ai suivi une Licence de droit. À l’obtention de ma licence, je ne savais pas trop ce que je voulais faire… Pour y réfléchir, j'ai fait une pause d'un an durant laquelle j’ai effectué un service civique. J’ai monté des orchestres pour enfants, donné des cours de musique. Ensuite, j’ai fait un Master en communication spécialisée dans les industries créatives.
Mais je n’arrivais pas à me projeter dans ce milieu. La musique a toujours été un aspect important dans ma vie. J’ai fait énormément de musique classique, d’opéra, de la harpe et un peu de batterie ! Ça a toujours été une trame de fond, mais je mettais ça de côté.
Après un certain temps, la musique a commencé à prendre beaucoup de place dans ma vie et je n’arrivais plus à ne pas envisager d’en faire mon métier. Je me suis dit qu’il fallait essayer et que si ça ne fonctionnait pas, tant pis ! Après avoir évalué plusieurs formations, le Cours Florent m’a semblé parfait. Et je n’ai pas été déçue ! L’école accompagne vraiment dans les trois piliers des musiciens : interprétation, écriture et composition. Je crois que c'est ce qui m’a attirée.
- En arrivant, quel aspect de la formation a été le plus dur pour toi ?
Avec ma formation littéraire, j’ai toujours eu un contact facile et intuitif avec les mots. En arrivant, j’ai eu un coup de foudre pour l’écriture. Pourtant, au début, j’étais persuadée que j’étais incapable d’écrire des chansons. Dès les premiers cours, j’ai réalisé que non seulement, je savais le faire, mais qu’en plus j’adorais ça.
La composition a été plus difficile. Ma première année a véritablement été un combat à ce niveau-là. Je pense qu’au moment où j'ai lâché prise, j’ai composé naturellement. Vers la fin de ma première année, il y a des choses qui se sont mises en place. Tout cela a demandé énormément de travail, j’ai appris à ne pas me reposer sur mes acquis.
- Comment as-tu surmonté cette difficulté ? Avec des élèves, des professeurs ?
Les professeurs m'ont énormément apporté. En cours, par exemple, nous devions composer en tenant compte de certaines contraintes techniques. Ce type d’exercice m'a aidée à me structurer et à comprendre comment la composition fonctionnait.
Et surtout, mes camarades de classe m’ont été d’une grande aide ! Pour beaucoup, la composition est naturelle, j’ai énormément appris à leur contact. Je trouve que c'est un avantage du milieu de la musique, de collaborer avec des personnes complémentaires.
- Quel a été le processus de création pour la chanson primée lors de la Nuit Florent ? Quelle est l’histoire de cette chanson ?
À l’origine, j'écris de la chanson française à texte et des balades douces.
En janvier 2024, lors de notre deuxième échéance de troisième année, nous avions une contrainte thématique pour le concert : le thème de l’extravagance. J’étais en panique, parce que ce n’est pas du tout ce qui me caractérise. J’ai demandé de l’aide à un ami, qui m’a proposé le rock. Il me voyait bien dans ce genre-là, il a créé l’instrumental et me l’a envoyé.
Après énormément de travail, nous l’avons présentée au concert, à l’issue duquel nous avons eu d'excellents retours. Je me sentais bien dans ce style de musique alors que je pensais en être incapable.
- Te vois-tu continuer dans ce style de musique, le rock ?
Souvent, on m’a reproché de ne pas suffisamment lâcher prise. Le seul moment où j'ai véritablement réussi, c'est quand j’ai commencé à faire du rock. Avec Paul, avec qui j’ai écrit la chanson, on a monté un groupe avec deux autres élèves. En parallèle, je travaille sur mon projet personnel.
- Quel serait ton meilleur souvenir de tes trois années au Cours Florent ?
Ce n’est pas simple ! Il y en a pleins.
Le premier qui me vient, c'est le souvenir de notre performance à Mogador, lors de la Nuit Florent. J’étais comme une enfant, tout était dingue. J’en garde un souvenir très fort.
Je garde également des souvenirs émus des concerts, de nos moments d'ambiance de classe, d’excitation commune, … Les préparatifs se déroulent toujours dans une ambiance électrique, tout le monde a hâte. Le plus beau dans ces instants, c’est d’observer à quel point tout le monde est passionné et talentueux !
- Comment se passent les cours, l’ambiance générale à Florent ?
En arrivant au Cours Florent, je ressentais un peu d'appréhension : le milieu de la musique peut être très concurrentiel. Cette “peur” est vite retombée, parce qu’ici, les gens travaillent vraiment ensemble. Des groupes se créent, les élèves donnent de leur temps pour aider les autres dans leurs projets. En résumé, l’ambiance qui y règne est assez dingue !
- As-tu reçu des conseils de la part d’autres élèves ?
Le conseil le plus marquant concerne mon lâcher-prise. J'ai toujours été très ancrée, concentrée, trop crispée. Quand je me suis lâchée sur scène, ça s’est vu sur mon corps. Les gens sont venus me voir, me féliciter, m’encourager. J’ai également appris une nouvelle manière de chanter, qui allait à l’encontre de ce que j’avais appris avec l’opéra.
- Entre élèves, vous parlez beaucoup de l’avenir et de son incertitude ?
Oui, j’en ai déjà parlé avec d’autres élèves. Mais surtout, on se rassure en se disant qu'on va bosser ensemble. Ce partage me rend heureuse, je me sens épanouie de vivre des moments aussi intenses avec des gens.
- Un mot de la fin ?
Je suis arrivée en première année sans confiance, avec un énorme syndrome de l’imposteur. Je me sens à présent beaucoup plus épanouie, plus heureuse ! L'expérience au Mogador a été inoubliable. Et ces trois ans ont été bénéfiques pour me dire que j’existe et que j’ai le droit d’être là. Le chemin est dur, mais au moins certaines étapes sont faites grâce à l’école. En résumé, ma formation m’a aidé pour dire que je suis légitime, que j’ai le droit de faire de la musique.
À propos de la Nuit Florent
Lors de la Nuit Florent, la cérémonie des « César florentins », les Jacques sont remis aux élèves des cursus professionnels théâtre, cinéma, théâtre&caméra, musique et comédie musicale du Cours Florent, tous campus confondus.
Afin de mettre en valeur la pluralité des métiers du spectacle vivant, les Jacques récompensent aussi bien les interprètes que les metteurs en scène, le travail individuel aussi bien que le collectif.
Crédit Photo : Suzanne Rault-Balet