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Sarah Siré nommée à la direction du Théâtre des Martyrs

Publié le 18/04/2025
Sarah Siré nommée directrice du Théâtre des Martyrs

C’est avec une grande fierté que le Cours Florent célèbre la nomination de Sarah Siré, professeure et référente pédagogique à Bruxelles, à la direction du Théâtre des Martyrs à partir de la saison prochaine. 

Enseignante au sein de l’école depuis plus de vingt ans – d’abord à Paris, puis à Bruxelles – Sarah a transmis sa passion, son exigence et son regard singulier à des générations d’élèves. Cette nomination consacre un parcours profondément ancré dans la création et la transmission. 

Il y a quelques mois, nous avions eu l’occasion de la rencontrer pour revenir sur son itinéraire, entre scène et pédagogie, engagement artistique et regard sur le monde. Un portrait inspirant, à découvrir aujourd’hui, à la lumière de cette nouvelle étape dans son parcours. 

“Tous les gens qui viennent au Cours Florent sont en quête de réponses que seul le théâtre peut leur apporter.” 

Quel est votre parcours au Cours Florent ? 

Mon aventure au Cours Florent a débuté en 2000, lorsque j’ai rejoint directement la deuxième année en tant qu’élève. Après cela, j'ai eu l'opportunité d'assister Christian Crozet, ce qui m'a permis de renforcer mes compétences. Tout ce que j’avais appris jusqu’à présent s’est révélé au Cours Florent. En 2004, j'ai signé mon premier contrat en tant que professeure, débutant par l'enseignement aux adolescents et aux adultes en première et deuxième année à Paris. Cinq ans plus tard, j'ai décidé de m'installer à Bruxelles, où je continue aujourd'hui à partager ma passion pour le théâtre. 

D'où vient votre intérêt pour le théâtre ? 

Je n’ai pas grandi dans un milieu théâtral, ce qui m'a parfois amenée à questionner ma légitimité dans ce domaine. Mais j’ai toujours vu le théâtre comme un espace où l'on peut explorer des questions politiques et existentielles. Pour moi, le théâtre est l'endroit où l'on aborde les grandes questions de la vie en société, mais aussi des thèmes plus profonds comme la mort ou les fantômes. C’est également une manière de rester connectée avec les jeunes générations, d’évoluer avec eux et de réfléchir ensemble aux grandes questions de la vie. 

Quels sont vos premiers souvenirs liés au théâtre ? 

J’ai deux souvenirs marquants. Le premier remonte à mes 4 ans, lorsque je jouais le Petit Chaperon Rouge. Je me souviens d’être sur scène, complètement captivée, au point de ne pas pouvoir en sortir, même si mon père me faisait signe depuis les coulisses.  

Le deuxième souvenir est celui des après-midis où, à 9 ans, je regardais des pièces de Shakespeare à la télévision en noir et blanc. Pour moi, le théâtre a toujours été un lieu où le magique et l’invisible prennent vie. 

Qu'est-ce qui vous touche chez vos élèves ? 

Ce que j’adore dans mon métier, c’est que je peux assister à une performance incroyable à n’importe quel moment. Le théâtre peut surgir à tout moment, même à 9h du matin ! Tous les gens qui viennent au Cours Florent, peu importe leur âge ou leur parcours, sont en quête de réponses que seul le théâtre peut leur apporter.  

Un jour, un élève m'a confié : “Merci pour ce livre, il a tellement changé ma vie que je ne sais même pas si c'est une bonne chose.” C'est dans ces moments-là que je ressens l'impact profond que le théâtre et l'enseignement peuvent avoir. Il y a quelque chose dans l'art qui les transforme, qui les fait évoluer. C’est cet engagement et cette quête de sens chez mes élèves qui me touchent le plus. 

Quel conseil donneriez-vous à vos élèves ? 

Persévérance. Ne jamais lâcher. J’aime bien dire à mes élèves : “Que ce soit par la porte ou par la fenêtre, tu y arriveras”. Le théâtre est un métier qui n’attend personne, mais qui laisse une chance à tout le monde. Il faut simplement travailler. Le talent seul ne suffit pas ; c'est le travail qui fait la différence. 

Comment construisez-vous vos cours ? 

Mes cours commencent toujours par une période de travail à la table, où l'on explore les textes ensemble. Je demande aux élèves d’apporter leurs propres textes, qu’ils vont travailler en dramaturgie, en musique ou en esthétique. Au fil des séances, je fais un montage et nous passons à la mise en scène. J’aime penser l’acteur comme un enquêteur. Le parcours d’un rôle, c’est une enquête sur le personnage. 

Comment intégrez-vous votre vision du théâtre dans vos cours ? 

Je suis une grande admiratrice de Tchekhov. Plus je travaille ses pièces, plus je réalise à quel point il était en avance sur des sujets comme l'écologie et le féminisme. Je m'efforce d'intégrer cette dimension actuelle, politique et essentielle dans mes cours. L’idée n’est pas d’arriver avec un dogme et une vision, mais de proposer un texte qu’on étudie ensemble. J’ai également travaillé sur une adaptation de “La Stratégie du choc” de Naomi Klein, qui traite de la manière dont les crises sont exploitées pour imposer des politiques néolibérales. Ce type de travail génère souvent des discussions passionnantes avec mes élèves. Un de mes modules est aussi centré sur les mangas. C’est génial, parce que c’est grotesque, drôle et sensible.  

Qu'est-ce qui vous a conduit à devenir professeure ? 

J'ai commencé le théâtre à 18 ans, avec un DUST à l'université. Ma première formation en théâtre était axée sur l'animation de cours. Très vite, je me suis rendu compte que, même si j’aimais beaucoup jouer, ce qui me passionnait vraiment, c’était de diriger les acteur.rice.s. J'étais fascinée par l'idée de trouver le déclic qui permettrait à un acteur.rice de véritablement comprendre et s’approprier un rôle. Un jour, un professeur à Bordeaux m'a dit : « Le jour où tu seras prof de théâtre... ». C'était comme s'il avait jeté un sort. Cela a confirmé mon désir d’enseigner. 

Crédit photo : Laetitia Defendini 

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