Masterclass 2023 Vincent Lindon

Plein d’entrain et de bonne humeur, Vincent Lindon arrive acclamé par les élèves de Florent qui ont eu la chance d’obtenir des places pour cette rencontre intimiste. Dès son entrée, il donne le ton : il n’est pas ici pour briller ou pour se montrer, d’ailleurs il n’est présent sur aucun réseau social. Il donne de son temps au Cours Florent pour permettre aux jeunes d’en apprendre plus sur le parcours d’un comédien.

« Je viens deux heures, mais j’aimerais rester six heures. »

A peine installé, Vincent Lindon s’attaque déjà au sujet principal : comment être un bon acteur ? Selon lui, ce n’est pas que sur le plateau de tournage qu’un acteur doit être bon. Un bon acteur doit l’être à trois moments : avant le « Silence, moteur, action ! », pendant le tournage à proprement parler, et après le « Coupez ! ». Ainsi, c’est l’entièreté de la préparation, de la prestation, et de la présentation qui vont faire la qualité d’un comédien. Il faut savoir se préparer au tournage, bien jouer, mais aussi savoir vendre son film.

Selon lui, l’acteur doit être impliqué de bout en bout et savoir poser ses limites : un agent ne remplacera jamais la vision de l’artiste lui-même, et c’est pour cela qu’il a toujours refusé de laisser une équipe prendre en charge son emploi du temps. Comme il le dit lui-même, « rien ne se décide sans que l’acteur donne son accord ». C’est pour lui l’une des difficultés du métier.

Vincent Lindon n’hésite pas à agrémenter ses explications de courtes scènes de jeu, ce qui fait apparaître des sourires sur les visages de l’auditoire. Il parle des difficultés à penser à tout quand on est au plateau ou sur scène : « quand on joue, on a dix-neuf cerveaux ». Il faut penser à son texte tout d’abord, mais également au placement de son corps, aux corps des autres acteurs, aux objets avec lesquels on entre en interaction, aux lumières, à la caméra ou au public… autant d’éléments qui font que quand on joue, on ne s’oublie pas… on est transcendé !

« Mon obsession, c’est le travail. Ce que je veux, c’est être numéro un. »

Vincent Lindon a ensuite abordé sa méthode de travail, tout en autonomie. Pas d’attaché de presse, pas de maquilleur. Cette autonomie à laquelle il tient lui permet d’être sûr que la qualité de son travail vient de lui, et uniquement de lui. Pour cette même raison peut-être, il dit qu’il arrêtera de jouer quand il sentira que son jeu n’est plus bon – il préfère une fin de carrière abrupte plutôt qu’un déclin progressif.

« Je préfère me coucher en me sentant con de ce que j’ai fait, plutôt que me coucher en me disant ‘pourquoi j’ai écouté ce con’. »

Vincent Lindon commence son parcours au cinéma dans les années 80 après sa formation d’acteur au Cours Florent, aux côtés d’Agnès Jaoui et de Mylène Farmer. Il décroche des rôles dans des films cotés dès le début de sa carrière : il tourne aux côtés de Francis Huster pour son premier film Le Faucon, et voit sa carrière décoller très rapidement. Il joue pour les plus grands réalisateurs français comme Claude Lelouch, Nicole Garcia, Mathieu Kassovitz… et certains des films où il joue sont aujourd’hui considérés comme des films cultes du cinéma français : L’étudiante (1988), La Crise (1992), Rodin (2017) ou encore Titane (2021). Ses rôles lui valent de nombreux prix, notamment le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes en 2015 et le César du meilleur acteur 2016 pour le film La Loi du Marché.