INTIMITÉ ET CONSENTEMENT AU PLATEAU : UNE RÉFLEXION NÉCESSAIRE
Lors de la semaine d’accueil des premières années du Cours Florent, les élèves ont eu l'opportunité de participer à une conférence animée par Nathalie Allison et Paloma Garcia Martens, toutes deux coordinatrices d’intimité pour le cinéma, la télévision et les arts de la scène.
Accompagnées de Corinne Dieppois, référente Écoute, Respect, Égalité et Handicap du Cours Florent, Nathalie Allison et Paloma Garcia Martens ont abordé un sujet central : le consentement dans la pratique des arts de la scène. La session a été ponctuée d'exercices pratiques, de questions et de discussions autour de situations concrètes rencontrées sur les plateaux de tournage ou sur scène.
Les élèves ont notamment été confronté.e.s à des questions cruciales telles que : Comment respecter l’intimité de l’autre ? Comment mettre de la distance émotionnelle dans les scènes d’intimité sans perdre en authenticité ? Comment gérer techniquement les scènes de violence ? Cette réflexion est primordiale dans des contextes où l'intensité des scènes et la proximité physique sont souvent au cœur du jeu d'acteur et d’actrice.
Au Cours Florent, ces questionnements sont abordés avec les élèves dès leur entrée en formation afin de créer un environnement de travail respectueux et sécurisé.
Coordinateur.rice d’Intimité : un rôle clé sur les plateaux
Apparu en réponse aux questions de consentement soulevées notamment par le mouvement #MeToo, la.e coordinateur.rice d’intimité assure un environnement de travail sécurisé lors de scènes intimes ou de nudité au cinéma, au théâtre ou encore à la télévision.
À l'instar d'un chorégraphe pour des scènes de combat ou de cascade, le.a coordinateur.rice d’intimité aide à créer une illusion réaliste tout en veillant à ne pas imposer de contacts non consentis. « Nous chorégraphions la scène, avons recours à des accessoires barrières ou des sous-vêtements spéciaux », a expliqué notamment Paloma Garcia Martens.
« Les discussions sur les dynamiques de pouvoir dans notre industrie sont de plus en plus courantes, a ajouté Nathalie Allison. Depuis l'année dernière, on observe un nombre croissant de productions françaises qui font appel à des coordinateur.rice.s d’intimité, mais cette pratique doit encore se normaliser. »
Intégrer ce rôle dans les écoles d’art vise à former des comédien.ne.s capables d'évoluer sereinement dans leur métier, tout en respectant l'autre, que ce soit sur scène ou dans les coulisses.
Le Consentement, un pilier des pratiques artistiques
Parler de consentement et d’intimité constitue une base indispensable pour tous les métiers de la scène (théâtre, cinéma, comédie musicale...).
« En tant que comédien.ne.s, nous apprenons très tôt à dire ‘oui’ à toutes les figures d'autorité de l'industrie – nos professeur.e.s, nos agent.e.s, les réalisateur.rice.s avec qui nous travaillons. Initier ces discussions dès le début de la formation, de manière ouverte et décomplexée, est la meilleure façon d’assurer la sécurité future des élèves comédien.ne.s et de leur faire comprendre que leur santé mentale est tout aussi cruciale que leur bien-être physique. », a expliqué Nathalie Allison.
Les scènes d'intimité par exemple peuvent impliquer une forte proximité, rendant d’autant plus nécessaire une communication claire entre les acteur.rice.s et les réalisateur.rice.s.
Nathalie Allison et Paloma Garcia Martens ont partagé avec les élèves plusieurs techniques pour établir des limites claires et apprendre à réagir si ces dernières venaient à être dépassées.
Les élèves ont ainsi pu prendre conscience des responsabilités qu’il.elle.s auront vis-à-vis de leurs partenaires de jeu et de l’importance d’un dialogue ouvert sur les attentes et les limites.
« La meilleure manière d’établir des limites est de les exprimer verbalement. Il existe plusieurs exercices et méthodes pour cela, que j’ai explorés avec les élèves. L'important est de comprendre que nos limites – qu'elles soient corporelles, contextuelles ou autres – peuvent évoluer à tout moment, sans qu'il soit nécessaire de se justifier. En tant qu'êtres humains, il est normal de commettre des erreurs de temps à autre, mais l'excuse "Je me suis laissé.e emporter par le jeu’ n’est jamais valable". Nous ne perdons jamais le contrôle lors d'une scène de combat, car la sécurité est primordiale, tant pour nous que pour notre partenaire de jeu ; il en va de même pour les scènes d’intimité. » a souligné Nathalie Allison.
Le consentement n'est pas seulement une question éthique, légale, c'est aussi un moteur de créativité et de confiance, des valeurs chères au Cours Florent.