Caroline
Donnelly
Rencontre avec Caroline Donnelly, actrice et pédagogue au Cours Florent Bruxelles.
"Il faut chercher, explorer, ne surtout pas se juger !"
- D’où viens-tu ?
Je viens d’Irlande, près de Dublin, et je vis à Bruxelles depuis les années 90. À l’époque, l’Irlande traversait une période difficile économiquement et beaucoup de gens partaient chercher du travail ailleurs. Je faisais déjà beaucoup de théâtre, mais il n’y avait pas de formation professionnelle, malgré la riche tradition littéraire du pays.
Je suis arrivée en Belgique pour un stage à la Commission européenne, par nécessité plus que par choix. C'est en arrivant à Bruxelles que j'ai rencontré des personnes qui suivaient des formations d’acteur, et je me suis dit « moi aussi j'ai envie de faire ça ! ».
En arrivant à Bruxelles j’ai rencontré des gens qui faisaient des formations d’acteur. Et je me suis dit « moi aussi j'ai envie de faire ça ! ». Pendant un temps, j'ai fait les deux, le travail et les cours de théâtre, jusqu'à pouvoir me consacrer entièrement à ma passion.
- Quels sont tes métiers ?
Je suis avant tout comédienne. J'ai également une carrière de pédagogue, ayant travaillé dans des prisons, des écoles et avec des primo-arrivants. Depuis des années, je suis active dans les Centres d’Expression et de Créativité.
Parfois, je travaille aussi comme directrice de casting pour des productions anglophones, et je fais du doublage et de la traduction.
- Qu’est ce qui t’a donné envie de faire ce métier ?
Depuis toute petite, j'ai toujours aimé écrire des scènes et jouer, que ce soit dans ma famille ou à l’école. J’allais d’ailleurs à l’école pour avoir un public, pour faire rire les gens.
En Irlande, on n’avait pas ou peu accès à la culture : jamais de ma vie je n’ai rencontré quelqu’un qui prenait des cours de théâtre. On faisait ça nous-même, on inventait.
- Quel souvenir tu as de ton premier rôle professionnel ?
Après avoir terminé ma formation à la Kleine Academie, une école basée sur le corps et le mouvement, j'ai pu monter des projets très physiques et improvisés avec d'autres élèves. J'ai également fait du spectacle de rue pendant un certain temps.
- Qu’est ce qui t’a particulièrement marqué dans ta carrière ?
Ce sont les rencontres qui m'ont le plus marquée. Notamment celle avec Joël Pommerat, avec qui j'ai travaillé plusieurs années, et Simone Forti, une Américaine qui a beaucoup exploré l’improvisation et l’écriture aux côtés de figures comme John Cage et Trisha Brown. Son rapport à l’écoute et au présent et sa sensibilité continuent de m’inspirer.
- Quel est le meilleur et le pire conseil qu’on t’ait donné ?
Un professeur m'a un jour conseillé : « si tu veux faire ça sérieusement, va au conservatoire ». Pour moi, c'était le pire conseil car ce n'était pas la voie qui me convenait. Le meilleur conseil, bien que classique, est de ne pas craindre de faire des erreurs. Il faut explorer sans se juger.
Parfois, on prend une mauvaise direction, et c’est correct : on change et on recommence. C’est un processus continu d’apprentissage.
- A quel moment de ta carrière tu as commencé à enseigner ?
J'ai commencé à enseigner très tôt. Lorsque j'ai quitté l'école, j'ai dit au directeur que je reviendrais pour donner des cours, et c'est ce qui s'est passé. J'ai enseigné à la Kleine Academie et pour la ville de Bruxelles. Dès mon adolescence, je savais que je voulais enseigner.
- Cette semaine tu diriges un stage de Théâtre au Cours Florent Bruxelles. Comment as-tu approché le stage ?
Mon objectif principal est que chaque participant trouve sa place, se sente à l’aise, et qu’un groupe se forme. Ça doit être du plaisir, ludique, physique.
Nous avons travaillé plusieurs scènes, notamment "Peanuts" de Paravidino, collectivement. L’écriture part des émeutes anti-G8 de 2001, où il y a eu un mort. Paravidino a imaginé un ordre social à partir de cet évènement. On est parti d'une approche réaliste pour ensuite inventer et oser.
J'ai également proposé des scènes à deux ou trois de Pommerat et Rémi De Vos, parmi lesquelles les stagiaires ont pu choisir.
- Dans nos stages et notre Cursus, nous accueillons parfois des tout débutant.e.s. Quels conseils de lecture tu donnerais pour un futur élève ?
Je recommande de lire des ouvrages de Peter Brook, Yoshi Oida et Michel Bouquet. Cependant, sans pratique, ces lectures peuvent être difficiles à comprendre. La pratique est essentielle pour s’approprier le texte.
Lire des classiques, les jouer, est aussi important, mais difficile ! Ce qui est encore mieux, c’est de les voir joués.
Aller au théâtre, découvrir des œuvres en live est indispensable.
- Quels sont tes projets ?
Je continue bien sûr d’enseigner, de participer à des castings et de travailler sur des spectacles pour enfants. La tournée avec Pommerat est terminée, ce qui me permet de retrouver du temps pour de nouveaux projets.