Nos anciens au Festival d'Avignon 2024

Lorène Goupy et Allan Beuteau, les metteurs en scène, tous deux anciens élèves du Cours Florent, nous partagent leur aventure créative, qui continue de briller.

• Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Lorène Goupy : Nous avons tous les deux fait des études de marketing digital avant de rejoindre le Cours Florent à Paris. C’est là que nous nous sommes rencontrés, en première année, face à des professeurs absolument géniaux !

Allan Beuteau : Au fil du temps, je me suis rendu compte que le marketing n'était pas pour moi. Alors, j’ai repensé à ce que je voulais faire quand j’étais enfant : agent secret, super-héros… C’était impossible ! Comment travailler dans ces domaines ? En devenant acteur ! Dès le premier jour au Cours Florent, notre professeur a posé les bases des difficultés du métier d’acteur. Je ne saurais l’expliquer, mais nous avons immédiatement créé des liens très forts.

• Comment a émergé l’idée de créer une compagnie ?

Lorène : L'Épicerie* a été créée assez rapidement. Nous étions très soudés, en particulier à cause du Covid ! On ne restait qu’avec notre classe, dans laquelle nous avions de très bons éléments, tous des artistes en devenir !

Pour ma part, je voulais absolument monter une troupe professionnelle. L’Épicerie, composée au départ d’une dizaine de comédiens et comédiennes, est née de cette volonté. Quand les TFE (Travaux de Fin d'Études) sont arrivés, on en a réalisé trois avec l'Épicerie, dont TUMULTES, que nous avons monté ensemble, Allan et moi.

*L'Épicerie est née en 2021 d'une amitié entre comédiens qui se sont tous rencontrés au Cours Florent, en première année et qui ne se sont jamais quittés.

• Pourquoi avoir choisi de travailler à deux ? 

Lorène : C'est venu assez naturellement. Nous avons des personnalités complètement différentes mais complémentaires, avec des références artistiques semblables.

Allan : Déjà, on vient tous les deux du marketing digital. La communication autour d’un projet nous est familière. On adore fouiner, chercher des inspirations, aller au théâtre et s’imprégner de tout ce qui nous entoure. Peu à peu, en discutant ensemble, en parlant de ce qui nous touchait dans certaines pièces, on a su qu’il fallait qu’on travaille ensemble !

Lorène : Ce projet n'aurait pas pu voir le jour si chacun de nous l'avait entrepris seul. À plusieurs, on expose ses idées, on se concerte, et on parvient rapidement à savoir quelles idées garder ou non.

Allan : Nous sommes un duo ping-pong. On a confiance l’un en l’autre, en nos idées.

• Comment gère-t-on une équipe en duo ? 

Lorène : Assez naturellement. Le fait d’être amis nous permet de bien communiquer et transmettre nos idées.

Allan : Nous travaillons main dans la main, en nous écoutant mutuellement ainsi qu'en écoutant nos comédiens.

• Comment vous êtes-vous mis d’accord sur les choix artistiques ?

Allan : On organisait des réunions à deux pour établir une vision commune de la pièce, ainsi que des réunions avec chacun de nos comédiens. Ces réunions nous ont aidés à développer l’univers de TUMULTES.

Lorène : L’énergie de notre groupe favorise la transparence et l'entraide. C’est une immense chance de travailler avec des amis, et nous nous parlons toujours avec bienveillance. On travaille tous ensemble pour atteindre un objectif commun et on souhaite passer le meilleur moment possible.

• Qu’avez-vous appris sur vous-même en tant qu’artiste et en tant que personne durant votre TFE ?

Allan : Ce TFE nous a appris la rigueur, la gestion d’une équipe et l’ouverture à la critique des autres. Personnellement, ça m'a vraiment aidé à être à l’aise pour demander de l’aide. Maintenant, je n’hésite pas à tenter des choses, et si on me dit non, ce n’est pas un problème !

Lorène : Je dirais que cela nous a responsabilisés. Être metteur en scène implique un engagement, l’idée de ne pas laisser tomber les autres. Au-delà de cela, on a appris à faire confiance à nos instincts. Au Cours Florent, on pense souvent à la Nuit Florent, aux concours… Tout cela peut biaiser notre vision. On pourrait se demander ‘Est-ce que je fais ça pour aller au bout de mon idée, ou pour plaire à un public florentin ?’ Je pense que nous nous sommes libérés de cette pression, et finalement, nous avons été récompensés !

Allan : Lors des 15 minutes*, le jury nous a dit que c’était trop énergique. On faisait les fous et le jury restait ultra stoïque ! On n’a pas changé, on y est allés encore plus à fond ! 

*15 minutes : Lors des TFE Théâtre, les élèves doivent montrer 15 minutes de la pièce devant un jury. Ce dernier décide alors si les élèves sont aptes ou non à mener à bien leur projet.

• Quelles ont été les difficultés que vous avez rencontré sur le parcours ? 

Lorène : Ces 15 minutes justement. C’était la première fois qu’on montrait à un public notre univers. Il y a cette pression de ‘ça passe ou ça casse’. 

• Quel serait votre meilleur souvenir de cette aventure ?

Allan : Il y’en a tellement. Le fait de jouer avec ses amis … C'est tellement génial ! On a créé une sorte de vraie famille. Les meilleurs moments, on les passe ensemble lors des répétitions, des résidences, …  Des instants de vie commune !  

Lorène : On a également eu l’immense chance que l'autrice de la pièce Marion Aubert vienne aux Automnales*. 

Allan : On lui a envoyé un message et elle est venue ! 

Lorène : C’était à la fois terrifiant et génial de savoir que l’autrice de la pièce se trouvait dans le public ! 

Automnales* : Le festival des Automnales se déroule pendant les congés de la Toussaint, et regroupe les TFE primés de la saison passée. TUMULTES y avait été sélectionné en 2023

• Vous jouez actuellement à Avignon, félicitations ! C’était un de vos projets ? Quelle sera la suite ? 

Allan : Pour TUMULTES, on commence par Avignon. Si ça marche, on aimerait faire des tournées et jouer à Paris.

Pour le reste de l’équipe, une série de projets de théâtre, de séries, de courts métrages et peut-être même de longs métrages sont en réflexion. Chacun est porteur d’un projet, et on va tous s'entraider là-dedans. L'Épicerie, c’est vraiment un collectif de création.

Lorène : En première année, on avait un rêve : monter une pièce avec nos amis et aller à Avignon. On s'est demandé ‘Est-ce que ce ne serait pas le moment d'y aller ?’

Allan : On avait fait une captation de la pièce, et cela nous a permis d’avoir de la matière à montrer au théâtre d'Avignon. On s'est dit “On tente !”. On a passé des journées à appeler, à envoyer des mails, … jusqu’à ce que finalement, La Scierie nous appelle. On s’est demandé ‘Est ce qu’on est légitime pour jouer au Festival d’Avignon dans un théâtre de 200 places ?!’ Et finalement, on tente et pour l’instant ça fonctionne !

Lorène : Le but de l’Épicerie, c'est qu’il y ait plusieurs projets qui tournent en même temps.

• Quel projet rêvez-vous de faire ? 

Lorène : J’aimerais que l'Épicerie devienne un gage de qualité. Si une création vient de l'Épicerie, j'aimerais que les gens sachent ce qu’ils vont y trouver, et qu’ils soient satisfaits, qu’ils aiment.

• Quels conseils donneriez-vous aux Florentin.e.s et aux futur.e.s élèves de l’école ?

Lorène : Travaillez avec vos amis !

Allan : Au Cours Florent, il y a énormément d'options, donc un conseil que je donnerais serait de toucher à tout. En tant qu'acteur, on a besoin de ça pour créer et développer notre imaginaire. Mais aussi, faites-vous confiance, à vous, à vos idées. En fait, tout est faisable.

Lorène : Dans ce métier, depuis le début, on nous dit que c'est difficile d'y arriver. Il y a les concours, les notes, la comparaison, cette fameuse phrase ‘beaucoup d'appelés, peu d’élus’. Il faut se rappeler ce qu’on voulait faire quand on était petit. J'ai envie de dire : faites-le parce que VOUS en avez envie. Et surtout, travaillez, c'est un métier à plein temps.

Allan : Croyez en vous, donnez-vous les moyens. Si personne ne vient vous voir, créez vous-mêmes des opportunités.

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