Guillaume Tordjman et "Ma Muse"
Entretien avec le réalisateur du court métrage "Ma Muse", plusieurs fois récompensé.
Comment trouver l’inspiration sur scène ? L’étincelle qui fait briller les yeux des acteurs, comme s’ils vivaient ce qu’ils jouent… C’est ce dont parle "Ma Muse", le court métrage réalisé par Guillaume Tordjman, professeur et référent pédagogique du cursus théâtre et caméra au Cours Florent. Un projet réalisé à l’occasion du festival Tous HanScène, qui met en avant la vie des personnes en situation de handicap. Un court métrage poétique et poignant, comme l’ont remarqué les nombreux festivals où il a été sélectionné et récompensé. Retour sur ce projet avec le réalisateur.
- "Ma Muse" est un court métrage réalisé à l’occasion du Festival tous HanScène : comment as-tu entendu parler de ce festival et d’où vient l’idée de ce court métrage ?
Le groupe Galileo – dont fait partie le Cours Florent – nous a parlé du festival Tous HanScène et nous a proposé de réaliser un court métrage à propos des étudiants en situation de handicap. La responsable du service handicap au Cours Florent m'a demandé si j'avais envie de m’en charger. Le but était vraiment de mettre en avant l'étudiante au cœur du court métrage, de parler du handicap mais sans en faire le sujet principal du film.
- Comment le scénario a-t-il été créé ?
J’avais totalement carte blanche. Je me suis rattaché à ce que je fais en général sur mes tournages. Je parle souvent de quelque chose que j’ai vécu ou d’une réalité vécue par un proche, pour aller petit à petit vers une dimension plus onirique. J'aime mettre du rêve dans quelque chose de très terre à terre.
Après avoir écrit une première version du scénario, j’ai parlé avec l’actrice principale, Sarah. Elle a ajouté son grain de sel pour le rendre plus proche de sa réalité.
- Comment s’est passé le tournage ?
Nous avons eu uniquement trois heures de répétitions et de préparation au Cours Florent. La chance que j’ai eue, c’est de répéter dans une salle que je connaissais bien puisque j’y avais étudié il y a 20 ans, quand j’étais élève au Cours Florent. J’ai vite su quels plans je voulais étant donné que je connaissais les lieux. Les acteurs connaissent l’endroit comme leur poche donc ils ont eu une spontanéité et un naturel qui nous ont facilité la tâche.
Au total, on a eu une journée de tournage pour un court métrage de 7 minutes, c’est un grand défi, aux cotés d'acteurs en herbe mais également avec la participation d'Assane Timbo, comédien et professeur au cours Florent !
- Comment s’est créée l’équipe de tournage ?
J’ai pu demander à mes élèves de participer au court métrage. Pour eux, c’était une opportunité de s’exercer en conditions réelles de tournage avec toutes les contraintes que cela implique. J’ai eu au total une vingtaine d'élèves qui étaient figurants, en plus des 4 acteurs. L’équipe technique, quant à elle, était composée de 7 personnes.
- Est-ce que tu as une anecdote à propos de ce tournage que tu n’as pas encore partagée ?
Je voulais intégrer un plan avec un travelling, où la caméra doit avancer de manière stable, fluide et linéaire vers l’avant. C’était difficile de créer cet effet avec les caméras portées à la main dont on disposait. Par le plus grand des hasards, on a trouvé dans un couloir un brancard qui servait pour les répétitions d’une pièce. Grâce à ça, on a pu tourner notre plan en faisant s’allonger le caméraman sur le brancard et en le poussant pendant qu’il filmait ! Ça montre qu’on n'a pas besoin d'avoir une tonne d’accessoires ou de budget, il suffit de fouiller autour de soi et prendre ce qu’on a sous la main en se servant de son imaginaire. Parfois, la contrainte devient un atout !
- "Ma Muse" a été présenté lors de plusieurs festivals : lesquels, et quels prix a-t-il remporté ?
• Le premier festival auquel nous avons été présentés est le festival Tous HanScène, pour lequel nous avions réalisé ce court métrage. Nous avons eu la chance d’être projetés dans un cinéma UGC devant environ 400 personnes. Nous avons reçu deux prix, le Prix de la Vie Etudiante, ainsi que le Grand Prix Cinéma !
• Nous avons ensuite été sélectionnés au Big Syn International Film Festival de Londres, un festival d’immense envergure puisqu’il fait participer pas moins de 90 pays ! Nous y avons gagné deux prix, le Prix du meilleur scénario et le Prix du jury !
• Finalement, nous avons été sélectionnés au Festival International du Film Entr’2 Marches, qui a lieu en même temps que le Festival de Cannes. Nous y avons gagné le Prix du Jury, et en récompense, "Ma Muse" a été projeté dans le palais des festivals à Cannes juste avant le film couronné Palme d’Or ! C’était le bouquet final après des semaines de travail intenses.
- Quel conseil donnerais-tu à tous les jeunes qui hésitent à se lancer dans le cinéma ?
Soyez créatifs ! Il ne faut pas attendre que les scénarios viennent à vous. Au Cours Florent, la dynamique des Travaux de Fin d’Etudes permet totalement d’appliquer ce conseil, puisque les élèves peuvent monter leur propre projet de A à Z en 3e année. Si vous souhaitez continuer dans le domaine du cinéma, toute la différence se fera sur cette envie de créer, cette envie de mettre en avant des personnages, cette envie de se mettre aussi soi-même en avant. Sentez-vous légitimes dans la création surtout, il n’y a pas d’âge pour créer, pour être artiste.